La maison de l'Art Nouveau de Siegfried Samuel Bing
D'origine allemande, Siegfried Samuel Bing (1838-1905) s'installe jeune homme à Paris pour diriger l'entreprise familiale de porcelaine. En 1874, Siegfried samuel Bing fonde rue Chauchat et rue de provence dans le 9ème arrondissement une maison pour l'importation d'objets d'art d'Extrême-Orient. Spécialiste et collectionneur, il initia l'Occident au raffinement artistique de l'Orient, il fait connaître à Paris les arts du japon et de chine dont beaucoup d'artistes s'imprègneront. L'art japonais va jouer un rôle essentiel dans l'émergence de l'art nouveau; un mouvement artistique mondial de libération naturaliste, qui verra le jour au début du XXème siècle.
Maison de l'art Nouveau
C’est en 1893, lors de l’Exposition de Chicago, que Bing visite les Etats-Unis et découvre l’organisation particulière de la maison Tiffany , maison de production et de vente d’art décoratif. C’est certainement cet exemple qui lui donna l’idée d’ouvrir son magasin" la maison de l’Art Nouveau" où les amateurs français et européens pouvaient trouver toutes les créations du nouveau mouvement dans le domaine des arts décoratifs.
Il s’intéresse aux projets contemporains de l'époque et les artistes trouvèrent auprès de Bing, un relais efficace pour la propagation de leur œuvre. Siegfried Bing, par sa vision et par sa passion, fut l'un des personnages fondateurs du courant artistique le plus célèbre de l'époque 1900, l'Art Nouveau.
Il réunit à la fois un atelier de création et une boutique pour diffuser les meubles de Van de Velde, Colonna, de Georges de Feure, Gaillard, les bijoux de Morren et Lalique, la verrerie art nouveau de Tiffany et Gallé, la céramique de Finch, des papiers peints de William Morris, des soieries de Liberty & Co, des vitraux de Vuillard, de Ranson ou de Bonnard, Siegfried Bing cherche à rendre accessible à tous un intérieur harmonieux et raffiné.
Il est le représentant exclusif de Louis Comfort Tiffany pour les bronzes, les céramiques, les bijoux, les tissus d'ameublement et les verreries d'art en France. Il fait monter les pièces de Tiffany par l’orfèvre français Edouard Colonna avec des anses en argent.
Vase en verre favrile Louis Comfort Tiffany,
Verrerie Art Nouveau
Siegfried samuel Bing attire autour de lui des artistes, comme Toulouse-Lautrec, Constantin Meunier, Paul Signac et Edvard Munch, il expose des oeuvres de Rodin, Claudel ou Vuillard. Dans l'optique de promouvoir une ligne unitaire et cohérente de créations, Bing développe en 1898 ses propres ateliers de création afin de sortir du seul rôle de vendeur et de promoteur d'artistes.
C'est ce support d'artistes, de décorateurs et de sculpteurs qui lui permettra d'avoir un pavillon à l'exposition universelle de Paris en "1900". Bing parachève sa reconnaissance national et internationale en y présentant des pièces entièrement meublées par Eugène Gaillard, Georges de Feure et Edvard Colonna dans un style Art Nouveau décoratif, mélangeant les arts plastiques aux arts appliqués. Ce style élégant et harmonieux favorise l'intégration des courants de l'époque, comme le symbolisme ou le néo-impressionnisme.
Le pavillon art nouveau de Siegfried Bing,
à l'exposition universelle de Paris en 1900
Après 1900, Bing ne mit le plus souvent en avant que les créations réalisées par ses ateliers, ou à sa demande. En 1902, il participa notamment à l'Exposition des Arts Décoratifs de Turin. Mais, fin 1903, son affaire commença à battre de l'aile. Au cours de l'année 1904, les difficultés s'aggravèrent pour atteindre un seuil critique. En 1904, Samuel Bing revend son magasin à son ami Majorelle qui va en faire un salon d'exposition. Finalement, ses invendus sont cédés aux enchères et Bing se retire à Vaucresson, où il mourut peu de temps après, en 1905.