les cabinets de curiosités au XVIème siècle
Le XVIème voit s'affirmer la manie de la collection, au sens moderne du terme, un juste aboutissement des prémices du siècle précédent au cour duquel les premières collections d'archéologie, promues par la culture humaniste, avaient été réunies. Toutefois, une nouvelle tendance distingue les amateurs d'art du début du XVIème siècle: la collection d'oeuvre contemporaines.
Tableau de Jan Bruegel l'Ancien, 1617 -
Allegorie de la vue et de l'odorat
(c) Musée du Prado
Considérées jusqu'alors comme simples éléments nécessaires à l'agencement des intérieurs et commandées dans ce but, on commença à apprécier l'objet de collection pour sa valeur esthétique et donc à le placer dans des lieux favorisant sa mise en valeur. C'est ainsi que naquirent les premières galeries. Les "Offices" de Florence, dont l'idée revient à Giorgio Vasari ne tardèrent pas à être imités par les collectionneurs de l'Europe toute entière.
La Tribune des Offices, 1778, Johann Zoffany,
(c) Windsor, Royal Collection
A ces ensembles, l'origine de nos musée modernes, on voit se développer parallèlement le goût pour les cabinets de curiosités, ces sortes d'écrins pour objets de collections précieux, étranges esthétiques, mais d'un intérêt encyclopédique, qui puise leurs racines dans des conceptions médiévales associées aux intérêts alors nouveaux pour les sciences, la nature et l'art.
Peinture de Johann Zoffany, 1882
La galerie de sculpture de Charles Towneley
(c)Towneley Hall Art Gallery and Museum
Les collections des Médicis constituent un exemple de ce type d'approche. Dès le XVIème siècle en effet, certains chefs-d'oeuvre encore célèbres aujourd'hui y côtoyaient des produits de l'artisanat africain ou des porcelaines chinoises, sur montures précieuses pour exalter l'extrême rareté bien plus que la beauté. Il s'agissait principalement de réunir dans l'espace exigu d'une collection tout ce qui était connu et d'y réaliser une sorte de synthèse du cosmos.
Franz Francken Le Jeune,
Cabinet d'art et de curiosités
(c) Kunthistorisches Muséum
Un cabinet de curiosités était un lieu où étaient entreposés et exposés des objets de collection, avec un certain goût pour l'hétéroclisme et l'inédit. On y trouvait couramment des médailles, des antiquités, des objets d'histoire naturelle (comme des animaux empaillés , des insectes séchés, des coquillages, des squelettes, des carapaces, des herbiers, des fossiles) ou des œuvres d'art.
Ils ont joué un rôle fondamental dans l'essor de la science moderne même s'ils gardaient les traces des croyances populaires de l'époque (il n'était pas rare d'y trouver du sang de dragon séché ou des squelettes d'animaux mythiques). Le principe du cabinet de curiosités a disparu durant le XIXème, remplacé par des institutions officielles et les collections privées.