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Regard d'antiquaire
5 mars 2014

la laque française: le vernis Martin

Le Musée des Arts Décoratifs présente l'exposition

Les secrets de la laque française: le vernis Martin

Jusqu'au 8 juin 2014

Les Arts Décoratifs mettent le XVIIIe siècle à l’honneur. En consacrant une grande exposition aux secrets de la laque française, le musée révèle l’engouement pour une technique qui incarne le luxe et le raffinement. Du plus imposant au plus discret, du plus somptueux au plus modeste : meubles, panneaux de boiserie, objets d’ameublement, boîtes et étuis, carrosses et traîneaux dessinent l’histoire d’une passion largement partagée par une clientèle parisienne et européenne, qui dépassa celle de la chinoiserie à laquelle cette production sacrifia.

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Boîte de toilette, Anonyme, Paris, vers 1750, Bois, laque bleue, décor
en léger relief

Collection privée, Photo : Jean Tholance

La question particulière du Vernis Martin, expression que seuls les français utilisent, pour parler de la laque, soulève de nombreuses interrogations qui trouvent ici, pour la première fois, des réponses étayées par de nombreuses études et exemples. Réalisée en collaboration avec le Lackkunst Museum de Münster en Allemagne, l’exposition, mise en scène par Philippe Pumain, réunit près de 300 objets .

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Paire de panneaux de berline, Attribuée à Guillaume ou Etienne-Simon Martin

, Paris, vers 1745

Münster, Museum für Lackkunst, Photo : Tomasz Samek

Vers la fin du XVIIe siècle, le coût de plus en plus élevé de la production de laque japonais et la qualité moindre des laques d’importation chinois, amènent les européens à vouloir s’approprier la maîtrise de cette matière.

L’étude de la laque conduit ainsi d’habiles artisans, tant en Allemagne, en Angleterre et en Hollande, qu’en France à retrouver cet aspect velouté et profond et à imiter avec talent les productions orientales. A Paris, de nombreux ateliers de peintres doreurs -vernisseurs voient ainsi le jour faubourg Saint-Antoine à proximité des ébénistes – menuisiers, les liant ainsi dès le départ au domaine du meuble.


Parmi les plus célèbres, ceux des frères Martin, rues des faubourgs Saint-Denis et Saint-Martin, dont la renommée associa le nom à leur technique, puis
à l’ensemble des laques produites en France. Ces vernis, travaillés selon le même principe de couches superposées que la laque d’Extême Orient, n’ont pourtant rien en commun avec celle-ci du point de vue de la composition chimique.

Ils sont différents selon les ateliers et leur recette est gardée secrète. C’est l’introduction de la couleur qui fait l’une des spécificités de la laque française.Les compositions de vernis permettent une plus large gamme. Désormais, se substituent aux fonds noirs et rouges, des fonds jaune, bleu, vert, blanc ou or.

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Commode de Madame Adélaïde, Gilles Joubert et Etienne-Simon Martin

, Paris, 1755

 Musée national du château de Versailles et des Trianons
 

© château de Versailles / Christophe Fouin

En faisant ainsi évoluer la technique, les peintres vernisseurs, sous l’impulsion des marchands merciers répondent aux goûts des clients. L’iconographie s’éloigne peu à peu des scènes et paysages asiatiques pour intégrer, assimiler l’art des peintres d’alors.Les oeuvres de Greuze, Boucher, Oudry ou Vernet sont les principales sources d’inspiration et recouvrent une typologie extrêmement variée d’objets.

Le vernis Martin sublime ainsi tout type de supports (bois, métal, argent, céramique, tôle…) et s’applique à toutes les formes, du plus petit objet au plus grand, de la navette ou bobine de fil aux pièces imposantes de mobilier, du panneau à la théière en passant par les horloges, boîtes ou étuis. Les intérieurs des grandes demeures s’en remplissent, faisant du vernis Martin un témoin de l’art de vivre du XVIIIe siècle français.

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Toilette car­rée en tom­beau, ano­nyme, France, vers 1720.

Münster, Museum für Lackkunst © DR

Ce siècle des lumières qui aime autant l’art que les sciences, produit de nombreux instruments de mesure et de musique qui passent également entre les mains des vernisseurs. Mais la production atteint les sommets du raffinement à travers les décors qui parent les carrosses et les berlines, recherchés par toutes les cours d’Europe. Paris dénombre pas moins de 200 ateliers spécialisés dans la production d’attelages.

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Traineau aux patineurs, Anonyme, Paris, vers 1770.

Versailles, Musée national du château de Versailles et des Trianons

© château de Versailles / Gérard Blot

L’exposition présente les différentes étapes qui ont conduit les frères Martin et leurs confrères parisiens à élaborer les techniques. Quelques oeuvres introduisent le visiteur dans l’univers des laques asiatiques afin d’évoquer leur exportation vers l’Europe et la fascination qu’elles ont suscité. Les autres constituent les jalons de cette étonnante quête, partie de l’imitation jusqu’à son émancipation.

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Tabatière, Paris, 1744–1750

Münster, Museum für Lackkunst

Curieux paradoxe que cette technique, célébrée par Voltaire, vilipendée par Mirabeau, pour laquelle, si l’on en connaît bien les protagonistes, les quatre frères Martin, on ne peut attribuer avec certitude les oeuvres produites par leurs ateliers !

 

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Cassolette en tôle, Manufacture de la veuve Gosse et Samousseau

, Paris, vers 1770 -1780.

Musée des Arts décoratifs, Photo : Jean Tholance

En effet, les Martin, tout comme leurs confrères peintres doreurs-vernisseurs, ne signaient ni ne marquaient leur production. C’est donc un défi que se lancent le Lackkunst Museum de Münster et le musée des Arts décoratifs à Paris en rassemblant pour la première fois un choix d’oeuvres significatives et représentatives de ce qui fut la production des peintres vernisseurs parisiens.

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