les plaques de porcelaine, accessoires de Luxe
Les meubles ornés de plaques de porcelaine sont les meubles les plus recherchés. Fabriqués par les plus grands ébénistes du XVIIIe siècle, ils étaient destinés à une clientèle prestigieuse (tel que Marie-Antoinette qui possédait un coffret à bijoux réalisé par Martin Carlin).
Coffre à bijoux de Marie Antoinette
Par Martin Carlin, plaques de Sèvres
Afin de satisfaire une clientèle exigeante et raffinée en quête de nouveauté, le marchand mercier Simon-Philippe Poirier devient le spécialiste des meubles ornés de porcelaine. Dès 1758, il passe commande de plaques à la manufacture de Sèvres. Bernard II van Riesenburgh, qui travaille pour lui, est l’un des tout premiers ébénistes à employer ce matériau. Sa commode, livrée par Poirier au prince de Condé en 1760, est parée sur toutes ses faces de quatre-vingt-dix plaques de Sèvres serties dans un réseau de bronze doré. De quoi faire sensation.
Bureau orné de 24 plaques de Porcelaines de Sèvres
Par Joseph Baumhauer
(c) Artcurial
Le bond des achats de Poirier à la manufacture à partir de cette date prouve le succès du nouveau décor. Clientes assidues, Mme de Pompadour puis la comtesse du Barry sont séduites par l’élégance de la porcelaine et l’apprécient sur les tables volantes, ces meubles aisément transportables.
Table cabaret, Plateau courteille en porcelaine de Sèvres
Par Roger Vandercruse
(c) Les Arts Décoratifs
Un des premiers emplois de la porcelaine de Sèvres dans le mobilier, c’est le plateau Courteille, intégré dans une table cabaret. Il existe comme plateau de déjeuner avec des anses. La manufacture a produit le modèle sans anses, afin qu’il soit intégré dans une table cabaret. Poirier fait appel aux meilleurs ébénistes afin de satisfaire l’engouement pour ces meubles légers, aujourd’hui largement représentés dans les collections du monde entier. Bernard II van Riesenburgh et Roger Vandercruse dit Lacroix en élaborent une bonne part. Ce dernier pousse le raffinement jusqu’à reproduire en marqueterie sur le plateau d’entrejambe les principaux motifs du plateau de porcelaine (musée Camondo).
Table à gradin dite "Bonheur du jour"
par Martin Carlin, plaques de porcelaine de Sèvres
(c) Les Arts Décoratifs
Martin Carlin décline le matériau sur une gamme élargie de meubles volants : à côté de la table cabaret au plateau carré, il réalise des guéridons, des tables liseuses au pupitre de porcelaine, des tables travailleuses, plusieurs trictracs, bonheurs-du-jour... Les grands meubles comme les commodes, les consoles ou les secrétaires en cabinet ne sont pas en reste. Carlin aurait fabriqué près de quatre-vingts meubles ornés de porcelaine. Exceptionnelle par sa rareté – moins de dix commodes revêtues de porcelaine auraient été conçues au XVIIIe siècle. Le type de mobilier détermine le choix du décor. Les petites plaques à semis de fleurs agrémentent la ceinture des meubles ou encadrent une plaque plus importante pouvant figurer un bouquet enrubanné ou un panier fleuri. Ce décor champêtre sur fond blanc est rehaussé d’une bordure verte, parfois bleue, unie ou à motif d’œil-de-perdrix, rehaussée de filets d’or. Les grandes pièces reproduisant des scènes galantes ou champêtres d’après Watteau, Boucher, Lancret ou Van Loo sont destinées aux plateaux des tables, aux abattants des secrétaires ou aux vantaux des commodes.
Secretaire de A.Weisweiler, Plaques de biscuit de Wedgwood
(c) Sotheby's
Le dos des plaques est fréquemment signé du monogramme des peintres de porcelaine. Charles-Nicolas Dodin, l’un des meilleurs peintres de figures de la manufacture, a signé les plus belles de la lettre K. Également inscrites au revers auprès du double L entrelacé, marque royale de Sèvres, les lettres-dates indiquent la période de fabrication de la plaque. Le décompte a commencé en septembre 1753 avec A. Les lettres ont été doublées lorsqu’il a été nécessaire de recommencer l’alphabet, en 1778. À cette date Dominique Daguerre, d’abord associé à Poirier, reprend l’entreprise du célèbre marchand mercier.
Console ornée de plaques de Wedgwood
Attribuée à Weisweiler et Thomire
(c) Artcurial
Il poursuit sa fructueuse collaboration avec Sèvres, mais ses liens avec l’Angleterre le poussent également à s’entendre avec Wedgwood, dont il devient le seul dépositaire parisien. La mode du retour à l’Antique profite aux biscuits à motifs mythologiques blancs sur fond bleu, dont le contraste avec les placages d’acajou fait merveille. Les modèles employés sur certains meubles de Weisweiler, commandés par Daguerre, sont à rapprocher de ceux répertoriés dans les catalogues de la manufacture anglaise. Parallèlement à sa production de plaques florales, Sèvres se lance dans les biscuits bleus à imitation de Wedgwood et il arrive que ces décors très différents cohabitent sur un même meuble.
Extrait de l'article écrit par sophie Reyssat pour la gazette Drouot N°22 du 6 Juin 2008
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