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Regard d'antiquaire
18 août 2012

Charles Nicolas Dodin: Splendeur de la peinture sur porcelaine

Jusqu'au 9 septembre 2012, le château de Versailles présente l'exposition Splendeur de la peinture sur porcelaine. Charles Nicolas Dodin et la manufacture de Vincennes-Sèvres au XVIIIe siècle dans les appartements de Madame de Maintenon et dans la salle des Gardes du Roi.

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Cette exposition est consacrée à un des peintres les plus doués de la Manufacture royale de porcelaine au XVIIIe siècle, Charles Nicolas Dodin, dont les œuvres ont été, de son vivant comme au siècle suivant, recherchées par les plus grands amateurs de porcelaine. L'exposition vise à mettre en évidence à la fois l’évolution artistique et la diversité des sources d’inspiration de Charles Nicolas Dodin.

Au long de ses quarante-neuf années à la Manufacture, Dodin a contribué aux plus grandes commandes passées par les rois et leur entourage, en particulier les maîtresses de Louis XV, et par des souverains étrangers, comme Catherine II de Russie. A travers ces œuvres de prestige, l’exposition retrace l’évolution artistique très lisible et éclairante de l’œuvre de Dodin, à l’instar de celle d’un peintre de chevalet contemporain.

Elle met également en lumière la diversité des sources d’inspiration de Dodin, par la présentation des gravures ou des tableaux qui lui ont servi de sources d’inspiration. Ces œuvres permettent de montrer les correspondances très profondes qui, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, existaient entre les arts (peintures, dessins, estampes, sculptures, médailles, arts du feu) et l’extraordinaire émulation artistique qui devait en résulter.

Dodin a essentiellement été, comme on le disait au XVIIIe siècle, un peintre "en miniature", ou un peintre de figures, c’est-à-dire qu’il a exercé ses talents dans le genre le plus élevé dans la hiérarchie en vigueur à la Manufacture. Dès leur exécution, ses œuvres ont figuré dans les plus grandes collections d’œuvres d’art, notamment au château de Versailles, et y sont demeurées au siècle suivant.

Charles Nicolas Dodin (1734-1803), qui a consacré ses quarante-neuf années de carrière à la Manufacture royale de porcelaine, en a été à un des peintres les plus doués au XVIIIe siècle.

Claude Siméon Passemant (1702-1769) et Charles Nicolas Dodin (1734-1803)
Baromètre-thermomètre, orné de trois plaques de porcelaine à fond vert
1768 - 1774
© Lisbonne, fondation Calouste Gulbenkian M.C.G. / C. Azevedo

Sa Vie et  Sa Carrière

Né et baptisé à Versailles en 1734, Dodin est le second fils de Nicolas Dodin, marchand épicier à Versailles, et de Marie de Nauroy, fille d’un marchand tapissier. En 1756, il fait la connaissance de sa future épouse, Jeanne Chabry, fille d’un maître sculpteur actif à la Manufacture à partir de 1750. Célébré en 1762, leur mariage donne naissance à cinq enfants, de 1763 à 1778. Dodin meurt en 1803, à l’âge de 69 ans, après avoir consacré quarante-neuf ans de son existence à la Manufacture.

Dodin entre à la Manufacture de porcelaine de Vincennes en 1754, à l’âge de 20 ans, et la suit lors de son déménagement à Sèvres en 1756. Embauché comme peintre de figures, il exerce tout au long de sa carrière ses talents dans ce genre qui est le plus élevé dans la hiérarchie en vigueur à la Manufacture. Très tôt considéré comme un des meilleurs artistes de cet établissement, il contribue à ses plus grandes commandes, parmi lesquelles des garnitures de vases pour Madame de Pompadour et Louis XV, des plaques pour les meubles de Madame Du Barry et des services de table pour Catherine II de Russie et Louis XVI.


Charles Nicolas Dodin (1734-1803)
Vase « à bâtons rompus » à fond bleu céleste
1771, porcelaine tendre
© New York, The Metropolitan Museum of Art (RMN-GP)

Son Œuvre

L’évolution des sources d’inspiration de Dodin reflète l’évolution des goûts dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. De 1754 à 1757, il peint essentiellement des amours en camaïeu ou en polychromie à la manière de François Boucher et de ses émules. De 1758 à 1761, il est attiré par les sujets flamands ou hollandais, notamment des gravures d’après David Téniers le Jeune. De 1760 à 1763, il exécute des décors chinois, inspirés à la fois par des œuvres d'artistes français et par des sources orientales. A partir de 1760, il travaille d’après les grands maîtres contemporains, parmi lesquels Jean-Baptiste Oudry, Carle van Loo, François Boucher, François-Hubert Drouais et Jean-Honoré Fragonard. Enfin, sous la Révolution, il peint à plusieurs reprises des allégories républicaines.

Dans le même temps, Dodin s’adapte à l’évolution des formes et des décors en usage à la Manufacture, depuis le style rocaille le plus affirmé jusqu’au néo-classicisme le plus abouti. Il est par ailleurs un peintre remarquable de plaques en porcelaine tendre montées sur des meubles, des pendules, des baromètres ou encore des petites boîtes. Il est aussi le premier artiste de Sèvres à avoir peint des plaques en porcelaine destinées à être accrochées au mur et encadrées comme de véritables toiles peintes.

 LES STYLES DE DODIN

Au long de sa carrière Dodin a diversifié ses sources d’inspiration et peint des décors dans différents styles, tantôt très en vogue chez les peintres de la Manufacture, tantôt qu'il était le seul à pratiquer. L’exposition se propose de mettre en lumière les différentes périodes de son évolution artistique.

Charles Nicolas Dodin (1734-1803)
Paire de vases pots-pourris « à jours » à fond blanc, peints en camaïeu bleu
1754, porcelaine tendre
Collection particulière
© EPV / J.-M. Manaï

Les amours d’après François Boucher

Pendant les premières années de sa carrière, de 1754 à 1757, Dodin se consacre à l’exécution d’amours et d’enfants, peints en camaïeu pourpre ou bleu, d’après des modèles de François Boucher (1703-1770). Ce choix iconographique, prédominant au milieu des années 1750, témoigne du retentissement exceptionnel de l’œuvre du grand peintre dans les arts décoratifs au milieu du XVIIIe siècle.

Dès 1745, celui-ci a en effet fourni des gravures puis des dessins à la Manufacture de Vincennes, créée en 1740 sous la protection du roi. Nombreux sont alors les peintres de la Manufacture à s’inspirer de ces motifs, enfant vêtus de costumes contemporains et amours nus. Dodin se les approprie si bien qu’il sait en jouer sans les copier textuellement. N’hésitant pas à extraire un amour ou un enfant d’une gravure, il leur invente souvent un environnement totalement imaginaire.

Charles Nicolas Dodin (1734-1803)
Garniture composée de trois vases « hollandais » à fond bleu céleste
1758, porcelaine tendre
Boston, Museum of Fine Arts
© Museum of Fine Arts, Boston

Les « tesnières »

De 1758 à 1761, Dodin réalise des « tesnières », au moment où ce type d'objet connaît une très grande vogue à la Manufacture. Il s’agit d’œuvres exécutées à la fin des années 1750 d’après ou dans le goût des peintures du Flamand David Téniers le Jeune (1610-1690) et représentant des scènes paysannes.

Cette période coïncide avec l’installation à Sèvres de la Manufacture, qui quitte Vincennes en 1756. Madame de Pompadour, qui a joué un rôle décisif dans ce déménagement, rapproche ainsi la Manufacture de sa résidence préférée, Bellevue, en même temps que du château Versailles. A partir de cette date, la Manufacture se lance dans une production de plus en plus somptueuse et invente de nouveaux fonds de couleur, le rose et le petit vert.

Charles Nicolas Dodin (1734-1803)
Plateau carré à fond rose et à décor chinois
1761, porcelaine tendre
Collection particulière
© EPV / J.-M. Manaï

Les décors chinois

De 1760 à 1763, Dodin consacre une part importante de son temps à l’exécution de décors chinois d’un type très particulier. Contrairement aux deux précédents, Dodin semble en effet être le seul peintre de la Manufacture à avoir pratiqué ce style de décors. De plus, les pièces qu’il réalise alors présentent une palette de couleurs très riche que l’on ne rencontre pas chez les autres peintres qui ont représenté des décors chinois.

Dodin s’inspire du graveur français Gabriel Huquier l’aîné, de porcelaines de Chine et d’émaux de Canton pour décorer ses pièces de motifs orientaux, personnages, fleurs ou encore pièces de mobilier. La majorité d’entre elles ont ensuite rejoint les collections de Madame de Pompadour ou de Louis XV.

Charles Nicolas Dodin (1734-1803) et Henry Martin Prévost (actif de 1757 à 1797)
Vase « des âges » en 1ère grandeur à fond bleu nouveau
1782, porcelaine tendre
New York, The Metropolitan Museum of Art
© MMA

Les décors à la manière des grands maîtres

A partir de 1760 et jusqu’à la fin de sa carrière, Dodin peint des scènes de genre d’après des grands maîtres européens des XVIIe et XVIIIe siècles, puis des figures mythologiques et allégoriques d’après des gravures ou directement d’après les œuvres elles-mêmes. Ainsi, les œuvres de Wouvermans, Falens, Oudry, Carle van Loo, Boucher, Drouais, Eisen, Le Prince, Greuze, Fragonard, Pierre, Moreau le Jeune, Jean-Jacques Lagrenée et d’autres constituent-elles les principales sources d’inspiration du peintre, durant une quarantaine d’années.

Parmi les peintres français contemporains de l’artiste, François Boucher est sans doute le peintre dont les œuvres furent le plus reproduites par Dodin. Après les amours du début de sa carrière, ce sont surtout les scènes galantes ou pastorales du grand maître qui l’inspirent.

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Charles Nicolas Dodin (1734-1803)
Vase du modèle C de 1780 à fond bleu nouveau
1794, porcelaine tendre
Paris, musée Carnavalet-Histoire de Paris
© Paris, musée Carnavalet / Roger-Viollet / Ph. Ladet et Cl. Pignol

Période révolutionnaire

L’époque révolutionnaire est une période difficile pour la Manufacture et ses artistes. Les commandes se raréfient et l’activité des peintres en est fortement ralentie.

Jusqu’en 1792, Dodin travaille encore au service de table de Louis XVI, à des pièces armoriées et sur un certain nombre de vases d’ornement. A partir de 1793 et de la mort du roi, il exécute des décors « républicains » sur des tasses ou sur des vases, ainsi que quelques sujets mythologiques.

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