Tassinari et Chatel: la plus ancienne manufacture de soieries lyonnaises
Créée en 1680 par Louis Pernon, La Maison Tassinari et Chatel est la plus ancienne manufacture de soieries lyonnaises. Créatrice de tissus d'ameublement, elle fut, dès le milieu du XVIIIe siècle, fournisseur des cours de France, d'Espagne, de Russie et de Suède.
15-16 septembre 2012, Journées du Patrimoine
Histoire de la Manufacture
Le XVIIème siècle, naissance de la Manufacture
Louis Pernon, un « tisseur de drap d’or et d’argent » crée la Manufacture en 1680 à l’apogée du règne de Louis XIV.
L’atelier est situé à Lyon, berceau du tissage de la Soie, depuis la création d’une zone franche par François Ier, dans le « quartier du Griffon » dont l’emblême est repris dans le logo actuel de la société.
Le XVIIIème siècle, expansion en Europe
L’influence de la France s’étend au-delà de ses frontières pendant le « Siècle des Lumières » et toute l’Europe se met à rechercher les produits français. Sous le règne de Louis XV, Camille Pernon, quatrième génération de cette famille de soyeux, profite de la réputation développée par ses aînés et de ses rencontres pour imposer la Manufacture en dehors des frontières françaises en Europe.
La fin du XVIIIème signe les sublimes créations pour Louis XVI et Marie-Antoinette dans les Palais de Versailles, Compiègne et Saint Cloud. La Manufacture développe aussi la soierie vestimentaire, se servant de ces voyageurs et artistes pour assoir sa notoriété en Europe.
C’est grâce à Voltaire que Camille Pernon est introduit à Catherine II de Russie pour laquelle il fait intervenir Philippe de La Salle, dessinateur talentueux. Grâce à tous ces développements, la Manufacture possède deux atouts qui vont faire sa force et sa réputation : l’innovation technique et la collaboration avec les meilleurs artistes de son époque.
L’innovation technique passe d’abord par les tisseurs à bras, les fameux canuts qui ont tant fait pour la suprématie de Lyon en matière de soieries. Bien plus tard, en 1806, c’est toujours chez Tassinari et Chatel que Jacquard met au point la machine à tisser à laquelle il a donné son nom. Entre-temps, c’est dans cette manufacture que les lampas, damas brochés, brocarts et autres tissus de soie connaissent leurs plus beaux développements.
Les artistes viennent naturellement à la manufacture, car seule la technique incomparable de la maison peut assurer à leurs créations le savoir-faire et la réussite qu’elles méritent.
La Révolution française marque un temps d’arrêt pour la manufacture, Camille Pernon étant contraint de s’échapper vers Gênes, mais l’Empire donne à Tassinari et Chatel un magnifique essor.
Le XIXème siècle, le principal fournisseur de Napoléon Ier
En revenant d’Egypte, Napoléon s’arrête à Lyon et visite les usines. Lors de son couronnement, il décide de rénover les palais dévastés, et pour cela il fait appel à une Manufacture de renom, où Camille Pernon travaille dans un style très nouveau sur les dessins réalisés par Percier : le style Empire est né.
Les réalisations pour les Palais Nationaux tels que les Tuileries, Versailles, Fontainebleau, Malmaison, Compiègne, contribuent à la renommée de la Manufacture, qui devient le seul fournisseur de soieries d’ameublement de Napoléon Ier.
Tout au long du XIXème siècle les commandes royales prennent la suite des commandes impériales.
Les commandes affluent, tant de France que de l’étranger, où la culture française triomphe partout. Les créations sont exportées aussi loin qu’en Turquie, en Egypte et en Inde. Avec l’arrivée de l’ère nouvelle et le déclin du mobilier royal, une nouvelle clientèle apparaît, les banquiers, Lafitte, Rothschild et la « Bourgeoisie d’Affaires ».
Lampas broché, en réplique des années 1735- 1737,
dans le goût de Lajoue, Tassinari et Chatel
Le XXème siècle, création et restauration
La haute couture française établit sa réputation dans le monde entier et fait appel à Tassinari et Chatel.
Des décorateurs de renom apportent un renouveau à la décoration, développant un style nouveau : l’Art Déco.
La fin du XXème siècle correspond à une ère de restauration intense. Tassinari et Chatel perpétue son savoir-faire et est capable de reproduire à l’identique des documents originaux.
De 1945 à nos jours, la Manufacture a restauré beaucoup d’intérieurs à Versailles, Compiègne, au Palais de l’Elysée et à Fontainebleau avec le velours chiné dans la chambre de Napoléon.
Hors de nos frontières, Tassinari et Chatel a travaillé pour beaucoup de châteaux et de demeures historiques en Europe et dans le monde.
De nos jours
Tous les amoureux de tissus raffinés, tous les amoureux de la beauté peuvent de nos jours bénéficier du même savoir-faire à travers les « commandes spéciales » pour les demandes spécifiques et les soieries de la « Collection Patrimoine », disponibles en stock.
Pour se faire Tassinari et Chatel a su maintenir en parfait état de fonctionnement un des derniers ateliers de canuts existants, à la Croix Rousse, regroupant un ensemble de métiers à bras traditionnels, et a développé des métiers à tisser de la génération la plus récente.
Cette subtile juxtaposition de tradition et de modernité, d’exigence et d’audace, d’innovation et de respect, assure le succès et la renommée de Tassinari et Chatel.
En savoir plus:
Voir le site de la Manufacture Tassinari et Chatel