Après la mort du grand roi, la noblesse déserte la vie de cour et se réinstalle dans ses châteaux et hôtels, introduisant ainsi un nouvel art de vivre, moins cérémonieux, qui déterminera l'invention de tout un mobilier. Sous la Régence, la comode XVIIIème n'est pas un meuble encore très connu mais elle comporte déjà deux modèles typiques: la commode "arbalète" dont le galbe de la façade rappelle celui d'une arbalète et la commode "en tombeau" très en vogue à l'époque.

La commode dite "en tombeau" est inspirée des tombeaux et sarcophages antiques; ses formes  volumineuses sont  lourdes et massives, toutes ses lignes sont courbes avec des côtés ventrus et une façade bombée.  Elle comporte deux  tiroirs surmontés d'une rangée supérieure comportant deux tiroirs séparés par une partie fixe ou parfois par un étroit tiroir à secret.

Commode XVIIIème en tombeau, époque Régence

(c) Galerie Rigot et Fils, source Proantic

La particularité de la commode Régence "en tombeau" du XVIIIème siècle  est  une cambrure très particulière qui se divise horizontalement en trois zones égales: une partie médiane convexe entre deux parties concaves  correspondant exactement aux trois rangs de tiroirs. Vue en plan, la commode "en tombeau" présente une face légèrement bombée. Elle repose sur des pieds courts au point que le tablier central touche presque terre.

En bois massif quand elle vient de province, elle est plaquée de palissandre, de bois de violette, ou d'amarante pour les modèles de grande qualité. Les feuilles de placage en frisage dessinent parfois des motifs géométriques simples et discrets.

Commode XVIIIème en tombeau, époque régence

(c) galerie Laurence Helmer et Maison James,

source Proantic

L'ornementation de bronze est abondante et souvent surchargée.  Les entrées de serrures, les poignées, le cul-de-lampe de la traverse du bas et  les pieds sont agrémentés de nombreux bronzes ciselés et dorés au mercure (épais feuillages en chutes d'angles, des espagnolettes, ou encore des mufles d'animaux).

Les commodes en tombeau Régence sont toujours recouvertes d'un épais marbre à bords moulurés, simplement posé sur le bâti. Les marbres les plus en usage à cette époque sont la brèche violette, la griotte , la fleur de pêcher, le gris des Ardennes et, plus spécialement avec les placages d'amarante, le vert campan.