le mobilier Français en laque au XVIIIème siècle
Les laques de Chine et du Japon connurent un grand succès tout au long du XVIIIe siècle. C’est sous le règne de Louis XV dès 1730 que la vogue pour les meubles en laque se développe sous l’influence des « marchands-mercier ». Après avoir importés des coffres, des cabinets et des paravents d'Asie pour les vendre tels quels, ils eurent l'idée de les démembrés et de les découpés en prélevant leurs panneaux de laque pour orner les meubles occidentaux ( meubles à écrire, commodes, encoignures, armoires).
Bureau plat en laque de chine et vernis Martin rouge et or,
estampillé Pierre Roussel
Le marchand- merciers se chargeait de livrer le matériau à l'ébéniste dont le rôle était de le poser sur le bâti du meuble en guise de parure. Ayant une fonction d'intermédiaire, le marchand mercier vendait lui-même le meuble terminé à ses clients fortunés qui souvent ignoraient l'identité de ébéniste.
Détail du bureau en laque de Pierre Roussel
(c) Tajan
L'ébéniste
découpait les panneaux de laque en deux dans l'épaisseur (les panneaux
étaient très souvent double face) puis avec un rabot, il les affinait
pour pouvoir les plaquer sur le bâti du meuble comme avec une
marqueterie traditionnelle.
Les panneaux de laque
étaient le plus souvent maintenus à l'aide de bronzes dorés souvent très
travaillés.
Les parties du meuble non ornées de laque étaient peintes d'un vernis (vernis martin) pour mettre en valeur ou pour harmoniser les champs extérieurs avec le panneau central en laque oriental ce qui donnait l'illusion d'un meuble entièrement en laque. cette technique était aussi utilisée par les ébénistes comme procédés de substitution pour imiter les laques véritables quand ils ne pouvaient employer des laques d'origine et d'époque car ces laques étaient très rares et donc très onéreuses.
Commode de Pierre Migeon en laque de Chine,
Vers 1740
Seul les plus grands marchands-mercier comme Thomas-Joachim Herdert, François Gersaint, Lazare Duvaux et quelques autres pouvaient sans procurés. Ils les achetaient aux négociants qui travaillaient avec les compagnies des Indes françaises et hollandaises, dans les ventes aux enchères lors de successions ou encore directement aux membres des équipages qui avaient la permission d'emporter un certains quota de marchandises en fonction de leur grade.
Secrétaire en dos d'âne de B.V.R.B en laque du Japon,
vers 1745
Les panneaux de laque Japonaise étaient bien plus recherchés par les amateurs de l’époque que les laques Chinoises, parce qu'ils étaient considérés comme de bien meilleur qualité et surtout plus difficiles à trouver. En effet, à partir de 1639, l’accès aux comptoirs commerciaux nippons devient uniquement réservé à la Compagnie hollandaise des Indes et les français étaient tributaire de cette compagnie. Plus rares, les panneaux Japonais étaient donc plus onéreux et se retrouvaient, de fait, réservés aux ébénistes les plus doués de leur génération tels-que Bernard Van Rysamburgh ( B.V.R.B), Joseph, Baumhauer, Martin Carlin, Jean Desforges, Jacques Dubois ou encore Adam Weisweiler.
Détails du secrétaire en dos d'âne de B.V.R.B en laque du Japon
Les
laques utilisaient sur les meubles du XVIIIème siècle étaient de
différentes sortes: les laques au décor en or sur fond noir provenaient
généralement du Japon, les laques peintes "dites d'exportation" au décor
or ou polychrome sur fond de couleurs, ainsi que les laques très
colorées dites "de coromandel" provenaient de Chine. Comparativement aux
laques du Japon, les panneaux Chinois ne présentaient que très rarement
des reliefs et s'il en avaient, ils étaient très faible.
En savoir plus:
Le meuble Français en laque au XVIIIème siècle
Par Thibaut Wolvesperges,
Les éditions de l'amateur, Editions Racine