La table à la tronchin
La table à la tronchin est une table XVIIIème, apparue sous le règne de Louis XVI. Elle tire son nom d'un médecin genevois Théodore Tronchin (1709-1781) qui publie à l’époque des travaux sur les maladies osseuses liées à la mauvaise position que l’on adopte à sa table de travail et sur les avantages qu’il y aurait à créer une table à pupitre inclinable qui permettrait de garder le dos bien droit et d’éviter ainsi toute déformation ou douleur, que l’on travaille assis ou debout. L'innovation de cette table XVIIIème vient d'un mécanisme dissimulé dans l'épaisseur de la ceinture et qui permet d'éléver le plateau à la hauteur désirée.
Ainsi, le plateau de cette table qui pouvait être plein ou muni d'un pupitre gainé de cuir, est inclinable à l'angle voulu grâce à un pupitre à crans, et rehaussable grâce à un jeux de deux ou quatre crémaillères dissimulés à l’intérieur des pieds .
Table à la tronchin, XVIIIème siècle
(sotheby's)
Les deux modèles de table à la tronchin
- Le modèle le plus élaboré, qui est aussi le plus coûteux est munis d'une manivelle qui permettant d'activer la crémaillère, et d'éléver le plateau supérieur. On peut ainsi soulever un des côtés de la table jusqu'à une hauteur d'environ 1,20 m. Lorsqu'on a ainsi atteint la hauteur d'appui désirée, on peut soulever le plateau dans l'autre sens, son inclinaison étant maintenue par un chevalet. Pour rabaisser le plateau, il suffit de faire pression, à droite de la ceinture, sur le bouton d’une longue tringle de fer transversale qui libère alors les pênes du mécanisme.
- Le deuxième modèle est d'une construction plus facile, d'un maniement simple mais moins aisé car il ne comporte pas de manivelle. Il ne comprend que deux tiges à crémaillère qui coulissent dans deux pieds situés d'un même côté longitudinal. La partie supérieure de la table est
articulée sur l'autre côté. On soulève manuellement le côté supporté par les tiges qui se bloquent automatiquement grâce à des taquets en laiton.
table XIXème à la tronchin, d'époque Restauration
(c) Christie's
Les ébénistes les plus connus qui ont popularisé ce système sont Joseph Canabas et Louis Dufour : avec eux, les rouages ne se cachent plus mais deviennent apparents. Le style Louis XVI qui, à partir des années 1760, a marqué une recherche de simplicité des lignes, est parfaitement adapté à cette construction de caractère géométrique, et lui confère une indiscutable élégance.
Malgré leur praticité, ces tables disparurent petit à petit à la fin du XVIIIème siècle car elles étaient jugées trop peu stables. On leur préféra alors les pupitres fixes et les bureaux à gradins.